Aussi loin que je m’en rappelle, j’ai toujours détesté les films de science-fiction. Sérieusement, un virus mortel qui prendrait en très peu de temps une ampleur titanesque et qui bouleverserait l’équilibre économique et social mondial avec toutes les prouesses technologiques et médicales de ce dernier siècle: quelle bonne blague ! Film suivant s’il-vous-plaît.
Je suis Stella do REGO et je vis à Cotonou, une des villes de mon pays le Bénin. Il y a quelques temps, mes principaux soucis étaient: le prochain bouquin wattpad que je lirais et l’impact que je voudrais avoir dans mon pays, sur le continent africain et ailleurs. Puis, il y a peu le mauvais film de science fiction est devenu réalité et depuis je suis en constante alerte quant au sort du monde et surtout de mon continent.
Je sais bien que le corona n’a épargné aucun continent, je sais aussi qu’officiellement, il y a, ailleurs des pays où le nombre de contamination et de décès dépasse celui comptabilisé en Afrique: côté dommage, certains continents connaissent pire (l’Europe est un exemple éloquent). Mais je sais également que l’écart entre les tests effectués et la population africaine est grand. Je sais que l’Afrique est pauvre et que ses enfants risquent tous les jours leur vie pour nourrir les leurs malgré la situation critique.
Cette pandémie, je la vois comme une déferlante de malheur dont on n’a pas fini de subir les conséquences. Je la ressens tous les jours que ce soit confinée chez moi et cloîtrée devant la télé à suivre les dernières informations, ou lorsque mes pensées vont vers tous ces gens qui vivent en dessous du minimum vital, dans la salubrité et la misère et qui voient en plus leur revenu réduit à une obole à peine suffisante pour tenir la journée. Ces gens qui ne vivent plus, mais se contentent désespérément d’essayer de survivre en se confrontant à la maladie. Et ce virus va clairement siphonner l’économie et ébranler les efforts continus de ce continent pour s’en sortir.
Je pense au futur et je suis effarée. Je ne vois que des scénarios catastrophiques. Dans le pire des cas, l’homme malgré son intelligence ne parvient pas à trouver de vaccin et le monde régresse, se meurt et devient semblable à tous ces films de science-fiction aux scénarios ubuesques et l’Afrique est comme le reste du monde, incertaine de son avenir, mais plus meurtrie et plus misérable.
Second scénario : on a enfin trouvé un vaccin. Mais quand je dis »on », je pense aux pays développés, aux occidentaux. Car bien qu’il m’en coûte de le reconnaître, nous n’avons ni la technologie, ni les moyens de développer un tel remède et il est plus probable que le remède, ce soit eux qui le trouvent. Ils trouvent donc le remède et endiguent la maladie chez eux. Qu’adviendra-t-il de l’Afrique ? Nous livreront-ils ce précieux antidote par pur altruisme, sans pensées mesquines? Ou s’en serviront-ils pour nous asservir? Ou pire…? Sera-t-il gratuit ou, si cher que certains seulement auront le privilège de continuer à vivre ?
Ce qui a été dit précédemment ne constitue peut-être que les élucubrations d’une jeune africaine qui se fait des idées. Mais le fait est que la situation de l’Afrique est inquiétante. Elle est pauvre et endettée de centaines de milliards de dollars et ce virus n’arrange en rien les choses, bien au contraire. Aux dernières nouvelles, le G20 a pris la décision de geler cette << dette>> pour une période de douze mois. Je me demande encore s’il faut en rire ou pleurer: rire à cause de la mascarade que constitue cette <générosité> ou fondre en larme à cause du tsunami de conséquences qui va s’abattre sur l’Afrique une fois la crise passée… En espérant qu’elle passe.
Une chose est certaine, c’est que j’ai peur…peur du futur, peur pour le monde, mais surtout peur pour mon Afrique.