Samedi dernier, dans le quartier de Casitas, est organisé un événement avec des stands de nourritures : tacos, esquites, sushis, marquesitas… Je me rends à cet événement avec mes colocataires. Je suis très enjouée ; en effet c’est rare de voir un événement de ce genre à Mahahual.
Il y a 7 stands ; je sais tout de suite que cette soirée va être importante pour moi. Ça fait un moment que je sens qu’il faut que je rencontre d’autres personnes pour mon terrain. Avec la pandémie j’ai passé plusieurs mois sans voir beaucoup de monde, ce qui est un peu embêtant pour une anthropologue. Cet événement est enfin l’occasion pour sortir de ma routine !
Je passe de stand en stand pour choisir ce que je vais manger ; finalement je ne peux pas résister aux sushis ! Après 9 mois de tortillas sous toutes ses formes (tacos, burritos, gringas, empanadas, quesadillas etc…) je dois avouer que des sushis ne sont pas de refus.
Pendant qu’on me les prépare (environ 40 minutes), je regarde les autres stands et décide de picorer dans les esquites d’une amie.
Cet encas mexicain est très répandu ici. Une petite boutique a ouvert il y a quelques semaines juste à côté de la verdureria (le marchand de fruits et légumes) et connaît un grand succès. J’évite d’en manger et vous allez vite comprendre quoi : les esquites sont servis dans un verre en cartont sont composés de grains de maïs mélangés avec de la crème, de la mayonnaise, du beurre et du fromage. Rien que ça ! Et bien sûr, sur le dessus on saupoudre de chile de arbol (un piment très fort d’ici) et de totopos émiettées (des tortillas frites). On accompagne ce plat de bière ou coca-cola, au choix !
Après avoir goûté aux esquites je me dirige vers un autre stand que je ne connais pas. L’homme qui prépare la nourriture m’explique qu’il est en train de cuisiner un Tlayuda. Ce plat typique de l’État de Oaxaca ressemble à une énorme tortilla avec à l’intérieur deux types de viandes, des haricots, du fromage et des légumes. Il est très fier de me dire que le Tlayuda a été reconnu comme patrimoine de l’UNESCO.
Quelques dégustations plus tard, mes sushis sont prêts. Une fois que j’ai de les manger, je rapporte mon assiette à la femme qui s’occupe du stand. Très avenante, elle me demande ce que je fais ici ; je lui parle donc rapidement de mon travail de recherche et de la nouvelle direction qu’il a du prendre à cause du virus. Elle me dit qu’elle et les autres personnes des stands travaillaient tous pour le port avant la pandémie. Elle a ouvert ce petit commerce de sushis à domicile il y a quelques jours et a convenu avec ses amis (anciens collègues du port) d’organiser cet événement autour de la nourriture locale. Ce samedi est donc l’inauguration mais ils comptent refaire cet événement chaque semaine.
À côté du stand de sushis, une mère et son fils sont là ; ils parlent à la femme des sushis qu’ils semblent bien connaître. Comme ils semblaient intrigués et intéressés par mon travail, j’entame la conversation avec eux. La mère travaillait également dans le port, elle était guide. Elle a perdu son emploi et a retrouvé un autre travail en juin dernier dans une pharmacie du village. Son fils de 12 ans n’a toujours pas repris l’école et a beaucoup de devoirs à faire. Il travaille également dans une petite boutique pour gagner de l’argent. Les deux semblent très complices, ils s’amusent beaucoup ensemble, se moquent gentiment l’un de l’autre et ont un regard malicieux. Je ne sais pas comment l’expliquer mais je me sens tout de suite bien avec eux deux. On rigole ensemble, on se raconte nos vies. Parfois j’ai l’impression que je dois provoquer la rencontre pour accéder à certaines informations sur mon terrain. Cette fois-ci ce n’est pas le cas ; au contraire nos échanges sont simples et enjouées. C’est peut être pour cela que ça me plait : interagir avec des personnes bienveillantes et souriantes est simplement plus facile et agréable.
Finalement, nous échangeons nos contacts afin de nous revoir et de discuter plus longuement. Avant hier j’ai été invité chez eux à passer la soirée.
Affiche de l’évènement
Coronavirus vu du monde : ethnographies d'une crise globale 